« Mais tu sais que même si tu n’as pas compris, il faut que tu croies…C’est un dogme. […]

J’ai pas dit que je croyais pas, j’ai juste dit qu’y a des choses que je comprenais pas…J’aimerais ça croire pis comprendre en même temps. »

 Voilà quelques lignes extraites des échanges entre l’enfant Michel Tremblay et mademoiselle Karli, son enseignante. Ces citations sont tirées du livre que j’ai reçu comme cadeau de Noël de ma fille aînée, Anne-Line, qui avait soupçonné l’intérêt que cet écrit susciterait chez moi. (Michel Tremblay. (Conversations avec un enfant curieux, Montréal, Leméac / Actes sud, 2016, p. 31-32)

En effet, ces questions rappellent des souvenirs de mes études. On peut résumer la méthode de Saint-Anselme (né à Aoste en 1033, mort comme archevêque de Canterbury en 1109) par ces deux pensées : fides quaerens intellectum (la foi cherchant la raison) credo ut intelligam (je crois pour comprendre). Il s’efforce, par le moyen d’arguments rationnels, de comprendre les contenus d’une foi vivante.

On retrouve les mêmes questions chez un autre enfant dans le monologue La religion d’Yvon Deschamps. Il fait dire au prêtre dans le confessionnal : « Mon enfant, c’est très simple ton problème, c’est que depuis que t’es p’tit, tu veux comprendre pour croire et ça tu y arriveras jamais. Mais, en fait, le problème est ben plus simple, c’est parce que t’as toute vu ça à l’envers. On peut pas comprendre pour croire, seulement y suffit de croire pour comprendre ». (Tout Deschamps. Outremont, Lanctôt Éditeur, 1198, p. 422)

Peut-on inverser la question? « La raison cherchant la foi »

Nous vivons le temps de Pâques. Selon St-Paul, le centre de la foi chrétienne est la résurrection du Christ : « […] et si le Christ n’est pas ressuscité, notre prédication est vide et vide aussi notre foi ». (1Co15, 14) Personnellement, je préfère employer les mots : se relever, se réveiller, se mettre debout, glorification ; car en grec, langue du Nouveau Testament, le mot résurrection, n’existe pas.

Raisonnons!

Personne n’a vu Jésus en train de se relever du tombeau. Au sens historique moderne, la glorification (la résurrection) du Christ n’est pas un fait historique. Il n’existe pas de preuves scientifiques de cet événement au sens des sciences exactes.

Maintenant nous pouvons adhérer au Christ dans la liberté. Sans la liberté et dans l’évidence scientifique, la foi perd son sens. Notre adhésion se fait sans preuves, mais est justifiée par des motifs. Le témoignage en est la base par excellence, comme chez Paul de Tarse : « Christ […]. Il est apparu à Céphas, puis aux Douze. Ensuite, il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois. […]. En tout dernier lieu, il m’est aussi apparu, à moi l’avorton ». (1Co15, 1-8)

Le cri va retentir : « J’ai vu le Seigneur, […] ». (Jn 20, 18). Dans la foi, on peut conclure : Il est vivant! L’authenticité et la véracité des textes peuvent nous conduire. La raison a le droit de se demander : « Est-ce une vision dont l’élément déclencheur réside dans la personne, ou est-ce une apparition dont l’élément déclencheur réside à l’extérieur de la personne? »

Chères lecteurs, joyeuses Pâques, toujours un symbole de la fête de la renaissance, du relèvement, de la vie, avec le Christ ou sans le Christ!

Gustaaf Schoovaerts, UQO